Mot de passe oublié ?

Tchembé raid pa moli !

suite du premier épisode

Je n’écris pas tout ça pour faire pleurer dans les chaumières mais simplement parce que ça me fait du bien d’en parler, et puis c’est ma vie et je ne veux pas oublier, on ne sais jamais… Bon, reprenons, après moult examens, je suis déclarée apte à recommencer des le mois d’octobre 2001 et comme il ne faut pas me le dire deux fois : c’est en décembre qu’est décelé la troisième grossesse.

Mais là, prudence, car une première G.E.U. peut en engendrer une deuxième donc il est important de situer la grossesse au plus vite pour pouvoir sauver mon ultime trompe si l’embryon s’est niché dedans.

Je me fais donc suivre de très près dès les premiers jours mais là encore, je ne peux rien contre la loi de la nature, et je perds la grossesse dès le premier mois en fausse couche.

Là, je haie la terre entière, je suis dégoûtée de la vie et je ne comprends pas ce que j’ai bien pu faire pour mériter ça. J’ai le moral en bas des chaussettes, heureusement que je suis bien entourée, merci les copines.

De son côté, Yann a aussi beaucoup de mal à encaisser, et il se sent complètement impuissant.

Les médecins, eux, se décident enfin à faire des examens mais ne trouvent rien d’anormal ; de mon côté, en janvier 2002 alors que je viens de vivre un curetage en fin d’année, je ne trouve pas tout à fait normal de ne pas voir mes règles arriver, surtout que je suis sous pilule depuis un mois pour laisser le temps à mon utérus de se remettre de tout ça…Ce n’est pas très logique…

Devrais-je me réjouir ?

Ben non, évidemment, je suis enceinte mais c’est encore une mauvaise nouvelle. Oui parce qu’en réalité, cette grossesse ne peut pas être de janvier, elle est forcément antérieure et si elle n’a pas été retirée lors du curetage de décembre, c’est qu’elle n’était pas dans l’utérus : ma dernière grossesse était donc gémellaire et le deuxième s’est niché dans ma trompe droite, la seule qui me reste !

Hospitalisation au plus vite mais il est déjà trop tard pour sauver ma trompe.

Cette fois je voudrait qu’on m’enterre vivante, ma vie est finie, je ne pourrai plus avoir d’enfant. « Mais si Madame, avec une fécondation in vitro ! » ha, alors il reste un espoir ?

Et il faut se consoler ainsi ? Ben c’est pas gagné quand-même !

Je viens tout de même de perdre quatre bébés en un an et demi, c’est que je ne suis pas faite pour avoir des enfants et pis c’est tout !

Je vous jure que là, on en a gros sur la patate, on voudrait bien l’oublier la loi des séries, la scoumoune mais elle est là et il faut encaisser !

Alors pour déculpabiliser un peu, on reporte la faute sur les autres, et là, c’est l’hôpital de Cayenne qui en a pris pour son grade !

Pourquoi le médecin qui s’est occupé de moi en décembre n’a-t-il pas vu la grossesse gémellaire ? Il n’a pas respecté le protocole mais pourquoi ? Parce qu’il venait de cumuler 48h de garde de suite ? Parce qu’il n’y a pas de matériel assez performant ? Qu’est ce que je suis venu foutre en Guyane ? Et si, et si, et si… On voudrait retourner en arrière mais y’a rien à faire, faut accepter.

Alors maintenant il faut admettre que pour faire des gosses, nous, on ne peut pas faire comme tout le monde. C’est pas rien !

Internet est le bienvenu à ce moment là, cela m’a permis de me mettre en contact avec d’autres couples qui étaient obligés d’avoir recourt à la F.I.V.

Ça m’a permis aussi de découvrir que la F.I.V, ça ne marche pas à tous les coups donc nos problèmes ne sont pas terminés !

Et puis la F.I.V en Guyane, c’est quand-même pas leur spécialité et il faudrait me remettre dans les mains de ceux qui n’ont rien pu faire pour m’aider jusque-là, ceux qui ont cassé ma machine à bébé ?

Pas question !

Si je dois faire une F.I.V, je la ferai avec des pros, en métropole !

Mais quitter la Guyane, c’est une déchirure !

L’adoption est une solution que je garde sous le coude, c’est une chose que j’avais de toutes façons déjà imaginée avant d’avoir des problèmes, mais là, ce n’est pas le souci, pour le moment, je voudrait enfanter, je voudrait vivre une grossesse, c’est mes tripes qui me parlent, j’en ai besoin.